Section de Corbeil-Essonnes

Section de Corbeil-Essonnes
Accueil
 
 
 
 

Solidarité populaire, partenaire grec du Secours populaire français

Interview de Haïk Apamian, animateur de Solidarité populaire, à la suite de son invitation au stand de Corbeil à la fête de l’Huma 2013.

1. Quelles ont été les raisons qui ont conduit à fonder Solidarité Populaire, partenaire grec du Secours Populaire Français ? Quelle est sa conception de la solidarité ?

Notre association collabore avec le SPF car nous avons beaucoup de points communs dans la façon de concevoir la solidarité et des objectifs communs. D’ailleurs, il existe une longue histoire de coopération entre le SPF et les organisations grecques dans le passé.

En Grèce, la solidarité s’est développée pendant l’Occupation et au sein du mouvement de libération nationale, ainsi que pendant la junte des colonels et après sa chute : lutte pour les libertés et les droits civiques. La solidarité internationale était particulièrement développée dans les années ’80 grâce à des associations dont certaines sont encore actives aujourd’hui.

À la fin des années ’90, la solidarité se développe de façon plus dynamique sur les lieux de travail, à cause des évolutions. Mais c’est surtout quand la crise a éclaté, depuis 2007, qu’apparaissent des collectifs locaux de solidarité. N’oublions pas que la solidarité de quartier, telle que nous la connaissions dans les quartiers populaires, a reculé depuis le début des années ’80, à cause de l’intensification de l’urbanisation et de la mobilité. L’État n’a pas remplacé le besoin de contact avec le voisin d’à côté par de services organisés. Par exemple, les centres ouverts d’accueil de personnes âgées étaient peu nombreux, et aujourd’hui même ceux-là sont en train de fermer.

Il existait donc un besoin, au niveau national, d’une organisation qui place au centre l’être humain et ses besoins et qui les mette en valeur grâce à des actions de solidarité concrète, sans bien sûr vouloir se substituer à ce que peuvent et doivent offrir les structures publiques. Grâce à son réseau d’adhérents élargi, à une action ciblée localement, mais aussi à la collaboration avec des associations ou collectifs (parents d’élèves, syndicats de salariés, communautés de migrants etc.), Solidarité Populaire vise à exercer une pression afin que le plus possible de moyens soient consacrés au soulagement de nos concitoyens dans le besoin, à ceux qui risquent de décrocher.

Notre but est que chaque individu qui se fait aider puisse reconquérir sa dignité, faire confiance à la solidarité et revendiquer ses droits ; qu’il prenne sa vie en mains, qu’il devienne protagoniste, qu’il ne reste pas spectateur.

2. La situation actuelle grecque est souvent qualifiée de « crise humanitaire ». Mais ses fondements sont politiques. Quelle est, dans ce contexte, la place de la solidarité populaire ?

Il existe plusieurs interprétations politiques de la crise. Sans les minimiser ou être indifférents, nous pensons que les forces saines de notre société veulent réagir face à cette crise humanitaire sans précédent. Mais la réponse à toute crise ne peut être que collective, émaner d’en bas, se manifester à travers des activités qui facilitent la participation étant ouvertes, sans discriminations. C’est la prise de conscience qui nous intéresse, seulement comme ça nous pouvons aller loin.

Nous favorisons le dialogue, c’est dans nos principes statutaires. Les activités sont décidées en commun et sont réalisées par des groupes de travail de bénévoles. Nous favorisons la participation, l’initiative, la créativité. Nous avons par exemple organisé une distribution de fournitures scolaires. Nous nous sommes adressés à plus de 20 organisations : des associations de parents d’élèves, des syndicats d’enseignants, d’organisations d’aide sociale à l’enfance.

Nous voulons transmettre un message de solidarité aux parents qui ont des difficultés à procurer les fournitures scolaires à leurs enfants, aux enseignants qui se sentent prisonniers, aux élèves qui s’impatientent au seuil de la nouvelle année scolaire et qui attendent que l’État satisfasse leurs besoins élémentaires sans discriminations et sans exclusive. Nous espérons ajouter notre petite pierre à l’édifice des luttes des enseignants, des parents, des élèves pour une école qui réponde aux besoins d’aujourd’hui et de demain.

3. Cette année, grâce à Solidarité Populaire, une délégation d’enfants de Grèce a participé à l’opération « copains du monde » du SPF. Pourrais-tu nous expliquer comment cela s’est passé ?

Pendant  notre contact avec le SPF, depuis le début de l'été, nous avons participé au programme « l’enfant a droit aux vacances ». Ce sont les « enfants du monde ». Un camp qui accueille les enfants 9-13 ans de 25 pays du monde, dans le nord industriel de la France, et offre des vacances dans un environnement internationaliste, soutenu par des bénévoles. Les enfants provenant de différents milieux et ayant des habitudes différentes apprennent à communiquer, collaborer, se soutenir les uns les autres.

La délégation grecque été composée de 6 élèves, Vissarion, Fatima, Emmanuel, Vasiliki, Elpida et Marina, des quartiers populaires de l'Attique et en particulier :

·      Kaisariani, une municipalité avec une tradition et une histoire de luttes sociales et politiques. Des milliers de réfugiés d'Asie Mineure et d'Arménie y étaient installés depuis 1922. Les Allemands choisissent le champ de tir comme lieu de sacrifice pour fusiller 200 prisonniers communistes le 1er mai 1944. Du 1er au 20 mai 1944, 600 patriotes y ont été exécutés. Aujourd'hui ce lieu, devenu mémorial des combattants de la Résistance, est en danger, inclus dans la liste des biens publics à privatiser. Cet espace est symbolique pour l'éducation des jeunes générations et la préservation de la mémoire historique, surtout aujourd'hui avec la montée du néofascisme, avec la montée du parti et des idées nazis. Mais c’est aussi un espace vert de détente, de sport et de culture pour les habitants de toute l'Attique. C’est pourquoi les parents et les enfants luttent pour sa revalorisation.

·      Petroupoli, dans l'ouest de l'Attique, qui fait un travail exemplaire dans le développement des infrastructures sociales, l'émergence et l'affirmation des droits des enfants et des fonctionnaires à tous les niveaux de l'éducation.

·      Le 5e arrondissement d’Athènes (Agios Panteleimon), avec une forte mixité ethnique, où des nazillons racistes de toute nature attaquent les immigrés. Les interventions de la police contre les immigrés et les réfugiés sans défense sont quotidiennes, comme par exemple l’opération balai « Xenios Zeus » (NDLR. « Zeus de l’hospitalité », intitulé d’humour noir).

4. Quel retour avez-vous de ces enfants, à la suite de leur séjour ? Quelles suites comptez-vous donner à cette initiative ?

Les enfants nous ont raconté : « nous avons vécu avec d’autres enfants du monde entier en apprenant ce que signifient le respect, l'affection, la camaraderie. Chaque jour était une leçon de vie parce que la cohabitation avec des personnes de différentes cultures et de civilisations, non seulement ne nous a pas aliénés, mais elle a créé des liens solides entre tous ». Pour ces enfants et leurs familles, la solidarité est devenue un processus expérientiel ; nous pensons que ça leur donnera la force dans leurs propres revendications.

Avec le SPF et la présence de Julien Lauprêtre accompagné de Dr Ismail Hassouneh, nous avons  procédé à la distribution de 500 cartables avec des fournitures scolaires pour la rentrée des classes. C’est la suite logique de cette initiative, dans le contexte tendu de la rentrée.

En ce moment, sont supprimées 50 spécialités dans l’enseignement technique, 2 500 enseignants sont « en disponibilité » (NDLR. l’antichambre du licenciement pour les fonctionnaires grecs), il y a au moins 2 000 suppressions ou fusions d’établissements scolaires. En 2012 seulement, 9 000 enfants en âge d’aller au collège n’ont pas été scolarisés. Nous avons eu plus de 100 000 travailleurs mineurs, avec une tendance d’augmentation du travail des enfants en parallèle avec l’école. Dès le début des années ’90, nous avons eu des preuves de cette politique éducative, alignée sur les politiques générales pour une éducation flexible compatible avec le « marché », impulsées par l’Union européenne.

Toutes les familles ont beaucoup apprécié ce geste de solidarité au moment où elles rencontrent énormément des difficultés dans leur vie quotidienne. Cet événement est appelé à se renouveler avec la naissance de ce partenariat entre nos deux associations. Dans l’avenir, nous allons programmer des initiatives en gardant le même objectif, le soutien des enfants à la vie scolaire. Nous allons enregistrer les besoins et coordonner les actions collectives. Fin octobre 2013, notre prochaine activité sera dans le centre d’Athènes.

5. Tu participeras cette année à la fête de l’Huma, invité par le SPF : pourrais-tu nous en dire plus ?

Ma participation à la fête de l’humanité c’est une vielle histoire de plus de 40 ans.

À cette fête, nous allons voir le fonctionnement du SPF, son esprit de solidarité, comment il le transmet, créer de liens avec les Grecs de France, prendre contact direct avec certaines fédérations du SPF comme celle de votre département l’Essonne et répondre aux questions des visiteurs de la Fête, car la situation en Grèce est grave et le pays est considéré par certains comme un laboratoire d’une Europe future ; situation  à laquelle il faut résister en la transformant, dans un mouvement de solidarité internationale.

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

Solidarité populaire, partenaire grec du Secours populaire français

A voir aussi



 
Parti communiste français - Section de Corbeil-Essonnes 69 rue d'Angoulême - Impasse Delcourt 91100 Corbeil-Essonnes pcfcorbeil91@gmail.com